21 mars 2014

EYRE DE LANUX




Connaissez vous Elizabeth Eyre de Lanux ?


 
Photographie extraite du livre " Eyre de Lanux - Une décoratrice américaine à Paris - Editions Norma. Portrait d'Elizabeth d'Eyre de Lanux par Man Ray  vers 1925 


C'est en entrant dans la Galerie de l'antiquaire Willy Huybrechts que j'ai pu mesurer la modernité des lignes, la qualité simple des matériaux, l'équilibre juste et idéal  des proportions de ses réalisations, Elizabeth Eyre de Lanux est une grande visionnaire au destin hors du commun. 

Américaine dans le Paris des années 20,  elle compte parmi les talents incontournables du design de ces années décisives pour le style des arts décoratifs français. Ses aïeuls se sont impliqués héroïquement pour l'indépendance de la Nation américaine, ont créé l'une des plus importantes compagnies maritime au Monde, ont fondé  une banque, la "Second Bank of United States" et fait sortir de terre la ville de Delaware.  Son grand père fût consul des Etats Unis en Italie , son oncle, Wilson Eyre, un célèbre architecte, son père, un grand avocat. Elizabeth Eyre est issue d'une grande famille et aurait pu se contenter d'une vie oisive et mondaine à l'américaine, elle à préfèré et on l'en remercie, l'aventure parisienne !

Elle  arrive à Paris en 1919 après avoir épousé son alter ego français aristocrate, diplomate  et homme de lettres, Pierre de Lanux. Elle s'enivre alors de ce Paris en pleine effervescence artistique. Par l'entremise de Pierre, son mari, et par ses visites  à la librairie Shakespeare & Cie elle côtoie les grand noms du monde des arts et de la littérature (entres autres écrivains, André Gide, Paul Valéry, Paul Claudel, puis Hernest Hemingway, Louis Aragon , Francis Scott Fitzgerald). Très vite elle rencontre le sculpteur   Constantin Brancusi (ancien élève de Rodin) qui l'initie à la poésie de la matière et la simplicité des formes sculptées.


Constantin Brancusi dans son atelier, ca. 1933/34, photographie de l’artiste


De ses voyages transatlantiques  entre le vieux continent, l'Illinois et  New-York, de ses sorties nocturnes et aventures dans ce Paris cosmopolite des "années folles", en pleine influence des mouvements modernes du cubisme de Braque et Picasso et de l'abstraction naissante son talent d'artiste la mène à la rencontre décisive avec l'icône de l'audacieuse Eileen Gray qui incarne si bien ce nouveau style au lignes simples et pures furieusement moderne. 

Eileen Gray - Portrait par Berenice Arbott Paris 1926


Intérieur par Eileen Gray dans les années 20


De ce Paris d'alors, Elizabeth Eyre de Lanux aime l'art d'y vivre  et commence à dessiner et réaliser séries de tapis et meubles dont sa nouvelle amie Evelyn Wild (ex associée d'Eileen Gray) supervise la fabrication par les meilleurs artisans français : une icône du design est née. Sa carrière s'arrêtera malheureusement quelques années plus tard avec la crise de 1929 et la seconde guerre. Talent immense mais oublié, son style,  dépouillé mais structuré et toujours visionnaire, marie  matériaux simples mais innovants (linoléum, liège, papier, ardoise etc.) à ceux plus nobles (ambre, parchemin, techniques de laques etc.) dans une harmonie constante. Le style Eyre de Lanux mérite reconnaissance.


Croquis d'Eyre de Lanux d'une console à double plateau, bois recouvert de linoléum noir 
 photo extraite du lrive "Eyre de lanux - une américaine à Paris - Editions Norma


 Détail de finition d'une console à double plateau en chêne céruse et traité à l'acide
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Guéridon africaniste en laque arraché à la gouge et laque au blanc de Meudon 
Paravent 4 feuilles laque rouge
Paire de fauteuils bas en acajou et poulain
Lampadaire de parquet fût cylindrique en sapin sculpté et brûlé, travaillé à l'acide, anneaux laqués crème 
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 





Détail de sculpture de lampadaire
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Détail pied de guéridon
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Premier plan: lampe en chêne et parchemin
Bureau entièrement gainé de parchemin - Ancienne collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé
Fond gauche: table "Hommage à Brancusi" en bois laqué crème, plateau décoré d'un papier patiné
Fauteuil tonneau composé de navettes de noyer, assise en velours de soie vert bronze
Au mur: portait d'Eyre de Lanux par Alexandre Lacovleff - 1920 
Fond droite: lampadaire moderniste en métal nickelé, fût cylindrique coulissant 
Console en laque noire en forme de U inversé
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Premier plan: table basse en chêne
deuxième plan: table "assise" à dalle d'ardoise
Dernier plan: guéridon à trois pieds, plateau en marqueterie de paille à décor rayonnant et parchemin
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Premier plan: lampadaire de parquet de section rectangulaire en chêne cérusé
Second plan: meuble d'appui en bois laqué et papier à la cuve, intérieur à tiroirs asymétriques en laque noire
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Coiffeuse entièrement gainé de parchemin, intérieur en laque noire, poignées en ambre et siège également gainé de parchemin
Lampe en chêne cérusé (voir détail ci-dessous)  
Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 


Lampe en chêne cérusé, abat-jour en papier métallisé
 Extrait de photo Galerie Willy Huybrechts 

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Si vous souhaitez voir et acquérir les réalisations d'Elizabeth Eyre de Lanux courrez vite à la Galerie Willy Huybrechts , quelques très belle et rares pièces sont peut être encore disponibles


Galerie Willy Huybrechts -11 rue Bonaparte Paris 6




Le cas échéant, reste ce  bel ouvrage bien documenté : 
Eyre de Lanux - Une décoratrice à Paris - Louis Géraud Castor / Willy Huybrechts  aux éditions Norma

Voyage dans le temps et dans le monde du style et des arts assuré!


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4 février 2014

BRAFA


À l’instant même où je décidais d’ouvrir ce blog sur l’architecture, la décoration d’intérieur et l’art de vie français, je recevais des invitations pour l’un des principaux salons des antiquaires d’Europe: le BRAFA (entendez Brussels Antiques and Fine Art Fair); l’occasion d’y retrouver les meilleurs antiquaires et de vous faire partager quelques coups de coeur et pièces exceptionnelles.

En décoration d’intérieur, connaître le meilleur et en faire référence est un atout, l’apprécier un bonheur! 



A chacun de ces salons je suis souvent surpris par la scénographie des lieux. Cette année, l’entrée blanc immaculé au style volontairement minimaliste, contraste avec l’ensemble des galeries, la profusion des œuvres d’art et les pièces rares savamment mises en valeur par chacun des quelques 130 exposants.


Le visiteur déambule sur un doux paysage abstrait, un tapis, imaginé et créé par une jeune étudiante en design textile, Chloé Daval. Elle s'est inspirée de tissus scannés à grande échelle. L’art du contemporain pour nous faire découvrir celui des antiquités …



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Si l’on me demandait  de choisir une seule pièce dans ce salon, je choisirais sans hésiter parmi celles que propose la galerie Chenel. Ici, la puissante beauté que dégage chacune des pièces proposées est telle qu’une seule sculpture suffirait même à la décoration d’une maison nue. Qui plus est, la famille Chenel a le souci premier de l’origine précise de chaque pièce. Le souffle des  grands Maîtres antiques est passé sur ces sculptures, leur esprit y est présent et il n’est donc pas étonnant que têtes chercheuses de musées et grands collectionneurs s’y intéressent.


                                  


Travail romain, époque flavienne, vers 69-96 après J.C.
Marbre, patine dorée :


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Au hasard de ma visite, mon regard s’est arrêté sur cet exceptionnel ensemble déjeuner "tête-à-tête" en porcelaine daté circa 1790 et marqué  « manufacture de Monseigneur le Duc d’Angoulème à Paris » proposé par la galerie Ikodinovic  & Co, une petite galerie bruxelloise spécialisée dans les porcelaines et qui a l’œil pour le meilleur du grand siècle français.




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Le choix des antiquités proposé est parfois d’une qualité telle qu’il est difficile de ne pas en parler. Ici quelques pièces d’un rare ensemble, une chambre à coucher circa 1938 d’André Domin et Marcel Genevièvre, proposé par la galerie Marcilhac dont la renommée n’est plus à faire depuis longtemps.



Un rève inaccessible car déjà vendu...
Heureux nouveau propriétaire !


Pour les amateurs et esthètes, une sélection exceptionnelle  de pièces de la collection Marcilhac sera mise en vente par la Maison Sotheby’s à Paris en mars prochain.


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Je ne peux faire ici l’impasse sur quelques pièces simples mais dont  signatures et  qualités  esthétiques marquent l’œil pas forcément averti. Quelques objets bien choisis, aux lignes pures et aux proportions idéales, telles des sculptures, sont  la note élégante et intemporelle d’intérieurs exclusifs.

Vases à corps ovoïdes et dinanderie oxidée à l’éponge
 par Fernand Grange, circa 1930 (galerie Marcilhac):

Vases en dinanderie de Jean Dunand, circa 1920 (galerie Willy Huybrechts):


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La Galerie Harold t’Kint de Roodenbeke, idéalement placée à l’entrée du Salon, offre aux visiteurs une large sélection de tableaux du 20ème siècle, tant impressionnistes qu’abstraits. Elle propose, entre autres œuvres, une superbe aquarelle de  Paul Delvaux...

"Jardin d'Eden", aquarelle et encre sur papier 55X73,5cm, provenance Christie's London, collection privée:


Réalisée en 1945, lors d’une séjour à Saint-Idesbald chez son ami et artiste
 Georges Grard, ce tableau représente un thème cher à Paul Delvaux , son rêve, qu’il décrivait ainsi:
 Je voudrais peindre un tableau fabuleux, dans lequel je vivrais, dans lequel je pourrais vivre. 
Cette œuvre pourrait donc représenter sa vision du Jardin d’Eden ou son idéal de paradis terrestre pour laquelle son talent d’artiste hors pair s’est si délicieusement exprimé !


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Le Brafa fait aussi honneur aux pièces  plus récentes telles cette paire de fauteuils de Gio Ponti proposée par la galerie Axel Vervoordt.

Gio Ponti (1891-1970), paire de fauteuils, Italie 1957, bois:



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Arpenter les allées de ce salon et se nourrir l’esprit est chose agréable mais trouver un bon restaurant italien dans le centre de Bruxelles l’est moins. Le hasard de mes promenades et mon flair aiguisé pour détecter les bons endroits m’ont conduit à l’heureuse découverte d’un très bon et beau restaurant dont je souhaite vous faire partager l’adresse...




Situé à quelques  pas de la Grand Place, dans une ancienne poissonnerie restaurée avec goût et intelligence, ce restaurant, sa cuisine et son personnel offrent le meilleur de l’Italie : la fraicheur, le goût authentique et la joie de vivre !


Buon Appetito !!


Osteria a l’Ombra
« Cucina Tipica Italiana »
Rue des Harengs 2 – 1000 Bruxelles